Bouteille de vin « verte » : les clés pour la reconnaître

Les bouteilles de vin écolo, à impact environnemental réduit, se multiplient. Plastique, carton, alu, verre allégé… Comment identifier la vraie plus-value environnementale du green-washing ou de la mal-adaptation ? Quelques clés pour faire les bons choix.

Article publié le 02/7/2024 – Julie Reux

La bouteille de vin verte : les clés pour la reconnaître facilement

Une bouteille de vin « verte », c’est quoi ? Pourquoi s’intéresser à l’impact environnemental de la bouteille de vin ? Réponse simple : l’empreinte carbone de la filière viticole est principalement due à ses bouteilles en verre à usage unique (de 30 à 50% du bilan total selon les modes de calcul et les régions viticoles), leur fabrication et leur transport.

En France, cet enjeu reste secondaire dans un contexte de crise viticole, mais des pays importateurs de vin comme le Québec ou les pays scandinaves, mais aussi des gros acheteurs de vin anglais ont bien identifié le sujet. Les producteurs font donc face à des demandes de packaging « green », et le phénomène devrait s’amplifier.

> L’apparition de bouteilles « green », c’est donc une bonne nouvelle… mais gare au greenwashing et à la mal-adaptation ! Le plastique, plus « vert » que le verre ? C’est plus compliqué que ça en a l’air. Le sujet est éminemment complexe, parfois contre-intuitif, et nécessite quelques connaissances pour faire des choix éclairés à long terme.

 

Oui, la bouteille de vin en plastique a une empreinte carbone meilleure que celle du verre

> C’est un fait aussi indéniable que douloureux : l’empreinte carbone d’une bouteille de vin en verre est deux à trois fois plus lourde que celle d’une bouteille en plastique PET ou qu’une canette en alu, et près de dix fois plus que celle d’un bib en carton. 

📌 L’étude d’Alko, organisme public finlandais qui gère l’importation de vin.

Bilans carbone comparés de différents packagings de vin, par Alko.

Capture d’écran du site d’Alko, monopole d’Etat finlandais. 

> Le premier impact de ces chiffres, c’est que des bouteilles de vin en plastique sont aujourd’hui réclamées sur certains segments par des monopoles scandinaves, engagés à réduire de moitié leur empreinte carbone. En France, 85% des consommateurs choisissent la bouteille en verre (baromètre SoWine 2023) et et le reste des Bibs. La bouteille en plastique est quasi-inexistante des rayons. Mais dans plein de pays,  la bouteille de vin en plastique pourrait devenir banale, au nom de l’environnement.

 

Bouteille de vin écolo : il n’y a pas que le carbone dans la vie

> Pourtant, l’empreinte carbone n’est pas le seul impact environnemental à considérer. Une analyse du cycle de vie ou ACV, qui prend en compte la consommation d’eau, la toxicité humaine, ou la consommation de ressources, par exemple serait plus adaptée. Sur ce point et concernant les bouteilles de vin, il n’existe pas à ce jour d’études comparatives fiables (mais l’ADEME planche dessus).

> Autre point à avoir en tête : l’intérêt de chaque matériau pour le vin, son transport et surtout sa conservation.

Les fabricants de bouteilles de vin en plastique PET ou carton garantissent 12 à 18 mois maximum de conservation du vin. Le verre est de fait le seul matériau existant capable de conserver un vin pendant plusieurs dizaines d’années. Un vrai problème… mais seulement pour la petite minorité de cuvées qui ne seront pas bues dans l’année. Les Systembolaget suédois et autres Alko de Finlande (monopoles d’état) ont calculé que 80 à 90% des vins étaient consommés dans la semaine suivant l’achat

> Il existe de sérieux doutes sur les migrations de nanoparticules des bouteilles de plastique PET. Des études, comme celle-ci publiée en janvier 2024, ont révélé qu’on en retrouvait plus encore que ce que l’on craignait dans l’eau minérale, avec un effet incertain sur la santé humaine.

> En France, seulement 22% des emballages en plastique sont recyclés. Et en 2021, seulement 8% de la production plastique mondiale était issue du recyclage. Tout le reste est incinéré ou enfoui et selon les calculs de GreenPeace, 3 à 4% du plastique mondial finit dans les océans. Pas glop. A noter : le recyclage est encore plus compliqué lorsque plusieurs matériaux composent le packaging. Par exemple, les contenants en carton, Bib ou bouteille, ont une poche en plastique, qu’il faut donc détacher du carton au moment de les jeter. Remplacer des bouteilles en verre par du plastique revient à mettre des millions de tonnes de plastique en plus dans le circuit.

> Conclusion, la bouteille de vin en plastique résout en partie le problème de l’impact carbone des vins exportés et de consommation rapide. A court terme, c’est donc une nécessité. Mais à moyen et long terme, cette solution apparaît plutôt comme une mal-adaptation = une stratégie d’adaptation qui va avoir des effets négatifs, voire augmenter le problème. 

 

A suivre : Comment le verre peut devenir vert

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