#13 Les AOC viticoles peuvent-elles survivre au changement climatique ?
Les AOC viticoles ont confrontées à un dilemne : comment incarner la tradition tout en intégrant les adaptations nécessaires face au changement climatique.
Question bonus pour les AOC viticoles : le terroir existe-t-il vraiment ? 😇
🌝 On commence par la base : le climat change et donc NECESSAIREMENT le vin change aussi. A l’extrême, maturités des raisins perturbées, bloquées par la chaleur ou produisant un déséquilibre entre tanins, sucre et acidité. A la fin : des vins moins acides, avec plus d’alcool. Ou pas de vin, selon les aléas climatiques. Bon.
Pour s’adapter, les vignerons essaient du chenin en Alsace, par exemple, ou du touriga nacional à Bordeaux. Ou des nouveaux porte-greffes et clones. Voire des hybrides. Ça débat pas mal dans les appellations, mais à peu près toutes mènent des essais dans le cadre des VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation) mis en place par l’INAO en 2021 : dix ans pour tester dix cépages par appellation. RDV vers 2030 pour faire le point.
Dans les AOC viticoles, c’est tradition VS adaptation
Il n’y a pas que le changement de cépages qui chamboule les appellations. Les changements, ce sera aussi : abandonner certaines parcelles (au profit de versants Nord, par ex). Ou changer la densité de plantation, la hauteur, le mode de conduite. Adopter l’irrigation, l’agrivoltaïsme, la désalcoolisation… Ou à l’inverse intégrer des contraintes environnementales fortes (interdiction de pesticides, bilan carbone neutre, etc.).
🧐 Aujourd’hui, les vignerons peuvent tester à peu près ce qu’ils veulent dans leurs entreprises et sur leurs parcelles… sauf s’ils veulent garder l’appellation pour leurs vins, car les cahiers des charges sont très stricts. Pour l’instant, car la pression monte pour autoriser des techniques autrefois unanimement écartées (irrigation, désalcoolisation, agrivoltaïsme).
🤯 Questions : que garde-t-on au nom de la « typicité » et de la tradition (et du marketing), que jette-t-on au nom de « l’adaptation » ? Qui perd, qui gagne ? C’est ultra-protection contre libéralisme. Gardien du temple ou survivaliste.
La voie du milieu reste à inventer. Ou peut-être une nouvelle appellation, une nouvelle définition du terroir viticole.
📌 Pour aller plus loin :
– La tribune du juriste Ronan Raffray sur la proposition d’AOD, appellation d’origine durable, à lire dans le Vinofutur n°4
– L’enquête sur le changement de cépages et le bouleversement que cette option provoque dans les AOC, à lire dans le Vinofutur n°3.
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