Leslie Brochot : “Si demain, il n’y a plus de comptoir, moi j’arrête”

Rencontre. Après un essai sur l’Ivresse, Leslie Brochot, “personnalité atypique du monde du vin” (sic) a lancé début avril “Au comptoir”, un nouveau média sur le vin, avec une équipe de plumes talentueuses, à découvrir sur la plateforme Patreon.

Les influenceurs vin ne sont plus les bienvenus sur les réseaux sociaux, la filière est en crise et le vin sans alcool est la nouvelle tendance. Et toi, tu crées un média web sur le vin. Alors déjà bravo. Mais une question quand même : vous êtes visionnaire ou juste nostalgique ?

“Je pense qu’on est surtout dans le présent. Pour moi, le plus grand créateur de lien social, c’est le comptoir. On passe beaucoup par des applis pour se rencontrer et on ne se rencontre pas vraiment. Il s’agit donc de remettre le comptoir au milieu du village. Par nostalgie peut-être. Mais pour nous, on est vraiment dans le présent.”

 

« Partager un verre de vin, c’est plus que boire de l’alcool »

Tu as écrit un essai sur L’ivresse. Tu crées un média qui s’appelle “Au comptoir”. Passer sa vie au bistrot à picoler, est-ce un projet d’avenir ?

“Pour moi, au comptoir, on ne boit pas forcément que de l’alcool. Moi j’adore aller boire mon café au comptoir le matin. Je ne suis pas trop soda. Mais, un petit demi en fin de journée, ça ne fait jamais de mal. Et partager un verre de vin, c’est plus que boire de l’alcool. C’est créer un moment, se poser avec soi-même, ou partager un temps avec quelqu’un . Et si demain, on perd les comptoirs, ça ne sert plus à rien, moi j’arrête. Je ne vais pas rester chez moi à boire des jus sans alcool et ne plus voir les gens.”

 

Chez Vinofutur, on s’intéresse aux futurs du vin. Quelle est la dernière “invention” viticole que tu as goûtée (ou juste vue) ou tu t’es dit ‘si c’est ça le futur, je vais me mettre au kombucha’ ?

“D’abord, j’ai entendu parler d’une innovation que je trouvais plutôt intéressante. Le papa de Adrien-David Beaulieu (château Coutet, à Saint-Emilion), qui est un vrai inventeur, il a inventé une tondeuse à gazon robot pour les vignes. Avec ça tu travailles l’enherbement de ta vigne sans casser ta vigne. On n’en voit jamais, pourtant ça a l’air formidable. Des trucs existent, on n’en parle pas du tout parce que ça n’arrange pas les lobbies. Mais ça me redonne envie d’y croire. En revanche, ce qui ne va pas du tout pour moi, c’est le vin sans alcool. C’est une très bonne idée de créer de nouvelles boissons, des fermentations qui ne créent pas d’alcool, etc. Mais enlever l’alcool d’un vin, c’est lui enlever sa moelle épinière ! Ça crée un vin décharné, pour faire un produit incohérent gustativement, hyper marketé. Et 29€ une bouteille de bulle sans alcool… Mais prends de la San Pellegrino au pamplemousse, bois de la flotte. Ça, ça me donne envie de taper.”

 

Et ton bilan carbone dans tout ça ?

“Je pense que je ne suis pas la personne qui génère le moins de bilan carbone… J’aime bien voyager… Mais sur le vin : la question du bio, de son impact carbone et celui sur l’environnement est intéressante, mais complexe. Ce sont deux choses différentes. J’essaie, dans les choses que je bois, que le vigneron soit respectueux de la planète. Mais c’est plus complexe que ça en a l’air, de choisir bio ou bilan carbone. J’ai prévu de creuser le sujet bientôt.”

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