
Le vin nature, mouvement de résistance ?
Étude. La chercheuse Clémentine Chazal a publié fin 2024 sa thèse sur le thème du vin nature, sous l’angle de ses enjeux politiques. Elle a présenté ses travaux dans un webinaire des Vendanges en ligne.
Le vin nature n’est pas qu’un vin sans soufre. C’est aussi une bande de casse-pieds qui secouent le cocotier de l’industrie vitivinicolepour le réinventer. Voici en substance résumés les travaux de Clémentine Chazal, présentés en janvier 2025 dans la série de conférences en ligne « Les Vendanges du savoir ». Pour sa thèse, elle a étudié de 2020 à 2024 les vignerons nature de Bordeaux et de la province du Cap occidental, en Afrique du Sud. Autrement dit deux régions où le vin nature est relativement nouveau et même confidentiel. Une donnée à replacer dans le contexte où, selon le baromètre So Wine 2025, 19% des Français ont déjà goûté du vin naturel (et 10% ont aimé).
50 nuances de résistance du vin nature
Elle revient avec une définition beaucoup plus large du vin nature que celle que la filière retient bien souvent, celle d’un « vin sans soufre » plus ou moins réussi. La chercheuse montre notamment que la « résistance » du vin nature se déploie sur plusieurs niveaux :
– Des pratiques agriculturales en opposition avec la viticulture dominante : pratiques écologiques (le bio est obligatoire en nature, on le rappelle ici), non intervention en cave mais aussi en vignes (le moins de mécanisation possible, vendanges manuelles…), rejet des pratiques conventionnelles;
– Une identité transgressive : étiquettes, noms de cuvées, marketing général qui décoince les codes du vin;
– Un circuit de commercialisation parallèle, qui fonctionne en « silos », dans des réseaux alternatifs et hors de la GD notamment;
– Des vignerons qui sont sortis des organisations traditionnelles mais ont recréé des collectifs en tous genres;
– Une plateforme pour d’autres revendications militantes, l’intersectionnalité des luttes. A commencer par les luttes féministes;
– Une critique forte du modèle vitivini traditionnel, et notamment des cadres que ce modèle pose : les appellations. Avec à la fin une autre définition du concept de terroir, qui s’émancipe des cahiers des charges.
A noter : tout ceci n’est pas réservé au seul mouvement du vin naturel, évidemment.
La chercheuse conclut sur le paradoxe évident de ce mouvement qui conteste le système vitini… tout en cherchant un équillibre économique qui le replace de fait dans une autre forme de « système ». Avec le risque de créer un monde réservé à une élite, une autre forme de snobisme.
Extrait de la newsletter Vinofutur d’avril 2025.
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